Nord éclair : Nicola Sirkis portrait par Patrice Demailly

Publié le par jessicabreizh

Voici un article ancien dont je n'ai pris connaissance qu'aujourd'hui.

Ce portrait de Nicola fait chaud au coeur. Merci Monsieur Patrice Demailly !

http://www.nordeclair.fr/Actualite/2009/12/06/nicola-sirkis-sublime-survivant.shtml

 

PORTRAIT

Nicola Sirkis, sublime survivant

Nicola Sirkis est père de deux enfants, âgés respectivement de 8 ans et 1 an. Photo Ludovic MaillardNicola Sirkis est père de deux enfants, âgés respectivement de 8 ans et 1 an. Photo Ludovic Maillard

Il a tout connu avec Indochine : le succès fulgurant, des pertes, une traversée du désert. Multipliant depuis 2002 les tournées triomphales, Nicola Sirkis revient de loin.


Un homme sensible, humain et attachant. Juste quelqu'un de bien.
PATRICE DEMAILLY > patrice.demailly@nordeclair.fr
Il flotte au-dessus du monde avec une élégance incroyable. Il parle d'une manière extrêmement posée, sans haussement de voix, l'oeil pétillant, le cheveu noir de jais, la conversation riche et profondément actuelle. Des propos à la fois directs et précis, constamment intelligents et sacrément référencés. Cet homme, qui est à coup sûr l'un des plus humains qu'on puisse croiser dans le métier, range son orgueil au profit d'une touchante humilité, d'une disponibilité confondante. Un artiste unique en son genre qui, par sa faconde, son enthousiasme, son énergie, son aura et son magnétisme, porte son oeuvre et sa passion en courant continu. Rien à voir avec une image de diva que des mal-pensants lui ont collée. « J'ai seulement une exigence au niveau du travail, je suis très méticuleux, j'aime tout anticiper. La vieille école du show-biz ou de la production a toujours eu l'habitude de mentir à l'artiste et au public. Avec nous, elle est juste désarçonnée ».


Nicola Sirkis a cinquante ans au compteur, mais en fait dix de moins. On dit ici et là qu'il est atteint du syndrome de Peter Pan, terme qu'il réfute poliment. « Syndrome, ça veut dire qu'on a une attaque cérébrale. Je ne fais pas mon âge, c'est vrai, mais j'ai conscience que l'horloge tourne.
C'est plutôt un état d'esprit. Quand je discutais avec Gainsbourg, je n'avais pas l'impression de parler à un homme de soixante balais ».

Tempérament de battant 
Revenu des excès de la décennie 80, il adopte désormais un rythme de vie « monacale ». Cela se traduit par une abstinence d'effluves alcoolisées et de nicotine. Certainement aussi les bienfaits de la paternité. « Je ne me couche plus à six heures du matin depuis un bout de temps ».
Insubmersible Nicola Sirkis, on vous dit. Lui, qui a fait front aux bassesses, aux railleries, à une traversée du désert - les années 90 -, à une mort artistique annoncée par voie de presse, a prouvé haut la main qu'il avait un tempérament de battant. « Notre maison de disques nous a jetés comme des moins que rien. Moi je n'en ai pas trop souffert parce que je ne fréquentais pas le show-biz, mais mon frère Stéphane a très mal vécu que des amis de ce milieu lui tournent le dos. » Ce parcours n'a donc rien d'un long fleuve tranquille. Nicola Sirkis se considère comme un survivant, un miraculé. « Je n'aurais pas imaginé être là trente ans après nos débuts, c'est presque surréaliste ». Ne pas compter cependant sur lui pour être animé par un sentiment de revanche.
« C'est juste une injustice rendue, confie-t-il. Dès le départ, on a été considéré comme un petit groupe qui allait durer deux ans. Personne ne s'est rendu compte de la profondeur, de la relation et de l'importance qu'allait prendre Indochine auprès du public ». Sans doute, un des rares chanteurs francophones capable de fédérer des publics et des générations a priori inconciliables. Il sait qu'il doit tout à ses innombrables fans. « Sans eux, je ne suis plus rien. » 
« Il n'y a pas de coupable 
dans mes chansons » 

Il y a toujours eu quelque chose de visionnaire dans les paroles et les slogans de Nicola Sirkis. Celui-ci traite de thèmes qui lui sont chers (le mal-être, le sexe, l'absence, la séparation, la guerre) et dialogue en permanence avec ados, étudiants, adultes ouverts d'esprit. Une écriture universelle. « Il y a des choses personnelles qui transparaissent par rapport à mon vécu. Mais je ne m'apitoie pas sur mon sort, je n'attaque pas les gens et il n'y a pas de coupable dans mes chansons ». 
Il dit avoir été baigné par des artistes sexuellement ambigus tels que David Bowie et Patti Smith. On ne choisit pas de recevoir un héritage si encombrant ; on s'en accommode, ou pas. Nicola Sirkis s'en est parfaitement accommodé, faisant la sourde oreille aux ignorants qui érigeait Indochine en groupe déviant.
« Encore aujourd'hui, certains nous considèrent comme un groupe de pédés ou de drogués. » Il vit dans un présent permanent, sans faire de plan sur la comète. « Si je suis encore là dans dix ans, j'aurai 60 ans, donc c'est totalement fou. Je ne préfère même pas y penser. Advienne que pourra ». Et si les spéculations continuent d'aller bon train sur la date d'arrêt de la formation, il préfère s'en remettre à l'inspiration. « Ce groupe ne continuera que s'il a un bon album dans les mains. On est dans l'indécision la plus totale. Après le Stade de France, je suis incapable de dire si on existera dans les trois ou quatre prochaines années. » Il n'empêche que si le rock hexagonal était une église, Nicola Sirkis serait à la fois son plus grand pécheur et son meilleur prêcheur. Avec un type comme ça, on est prêt à repartir pour trente ans de croyance.w 

Publié dans INDOCHINE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article